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Les Parenthèses
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21 août 2007

J-293

chamapagneLe post étant un peu long, l'auteur recommande d'écouter Jeff pendant la lecture du post afin de se mettre dans l'ambiance.


Previously, on Lost saturday...

M-5 : 3 parisiennes en habits de lumière embarquent dans une audi (bonjour le cliché), et direction le village où notre cher T s'apprête à dire oui à C. Je parle dans mon portable à la 4ème larronne qui elle, est déjà sur place (car partie la veille), sur le parvis de la mairie. Tout va bien, les futurs-mariés se font attendre. On arrive finalement 10 petites minutes en retard, au moment des premières bises et autres "c'est teeeeeeeeellement sympa que vous soyez là".

M+30 : les invités entrent dans la mairie. Je reste discrètement au fond de la salle. Le maire est drôle. C'est assez rare pour être signalé. Malheureusement, il n'a été que drôle. Un demi chouïa d'émotion n'aurait pas été de trop. Malgré tout. Au moment des oui, les larmes montent. C'est mon pote qui se marie. Mon ancien collègue de travail : j'ai connu ses galères, ses craintes, la préparation de la demande en mariage, la naissance de sa fille et puis le quotidien, 5 jours sur 7, des centaines (j'ose pas dire milliers) de clopes partagées, des fous rires, des bières, des cafés. Il dit oui là à quelques mètres de moi, la joie et l'émotion montent en moi. Les larmes. Je suis entourée des copines, de la famille moins proche. Après un coup d'oeil rapide, je me rends vite compte que je suis la seule à verser une larme. Merde. Un mouchoir dans la pochette noire ultraaaa classe, vite (c'est pratique : c'est petit, on trouve tout, tout de suite).

H+1 : photos, clopes, 1er apéro au coca light et 1ère frustration, tout le monde carbure au champ'. Il est 16h, ça promet. En bonnes parisiennes, on squatte le soleil des fois qu'il se fasse la malle. C'est à peu prêt à ce moment-là que j'opère le 1er repérage d'éventuels beaux gosses. Je vois rien. Mais pleine d'espoir je me persuade que j'ai pas bien vu à cause du soleil qui m'éblouissait. Je garde espoir et me dit qu'au diner on y verra + clair.

H+ 3 : L'endroit où se déroule le dîner est très joli, la musique est douce, la température idéale, le soleil enveloppant, l'air délicat. La foule s'écarte et il est là. Le beau cavalier que j'attendais. Non pardon c'est une erreur. Rien. Nada. Pas un mec qui mérite qu'on s'y attarde. Il y a de l'eau dans ma coupe de champagne; ça se passe de commentaires. J'avale la 3ème dose de médocs de la journée. Et je regarde les invités profiter des mises en bouche. Moyenne d'âge : 52 ans. Loose, loose, loose.
On discute, on papote : mariage, enfants, meetic, amour, sexe, boulot. Je m'ennuie. Les autres non. Ils sont imbibés d'alcool, c'est ça la différence. Je suis à deux doigts de sombrer dans l'alcool histoire de me mettre dans l'ambiance. J'imagine la nuit merdique que je pourrais passer en étant malade et me ressert un verre de vittel.

H+6 : Je découvre ma table. Moi et mes larronnes sommes séparées. Sage précaution. Quoi que. Ma table :
- le mec bourré. 34 ans. Aurait pu être intéressant si pas si bourré. Et si pas con. Et si pas tant sûr de lui. Non en fait, il aurait pas pu être intéressant.
- la conne. La conne a 22 ans. Et quoi qu'on lui raconte, quoi qu'elle te raconte, son expression est la même : bouche entrouverte, regard vide, pas un seul mouvement de sourcils, pas un hochement de tête. Rien. Vide. La neutralité parfaite. J'imagine que ça peut plaire. Le mec bourré finira par la draguer en expliquant que les fromages sont décevants. Elle répondra que le chèvre est plutôt bon.
- les anglais. Les anglais sont sympas. Quoi que. Ils se servent à boire et ne servent jamais les autres. Les anglais découvrent ce qu'est le trou normand. Ils sont charmants. Ils parlent avec le mec bourré qui passe en revue tous les trucs dégueus que peuvent manger les français.
- Le jeune. Il aime animer des soirées. Il m'a raconté plein de choses, mais c'est tout ce que j'ai retenu.
- S et moi. Dépitées et frigorifiées.

H+8 : le père de la mariée se saisit du micro pour lire le discours qu'il a préparé. Dès les premières phrases, les larmes montent. Non pas parce que je suis sensible à ce qu'il raconte, je connais très peu la mariée et encore moins son enfance-adolescence-vie adulte. Non, j'imagine mon père. Là. Devant moi et devant mes invités. Je l'imagine, tentant de maîtriser son émotion. Je l'imagine écrivant son discours, le soir, alors que ma mère dort. Je l'imagine verser une larme seul devant la table en chêne. Je l'imagine racontant mon enfance, mon adolescence, ma vie d'adulte. Je l'imagine exprimer ses émotions, comme jamais il ne l'a fait auparavant. Je l'imagine dire à quel point les moments partagés avec moi ont pu être bons. Je l'imagine raconter les instants privilégiés, les vendanges, le stade, une bière, un soir, à Paris. Je l'imagine dire qu'il est fier de moi. Je l'imagine lever la tête de temps en temps pour tenter de me regarder et ne pas me voir, finalement. Je l'imagine parler de nos discussions, de ma soeur, de mon discours au mariage de ma soeur, des larmes versées lors de sa lecture. Je l'imagine parler avec délicatesse de mes précédents échecs. Je l'imagine parler de mon exigence. Je l'imagine parler de son inquiétude lorsque j'étais loin et que la situation était inquiétante. Et que je l'ai appelé lui, pour lui dire que j'allais bien. Je l'imagine parler de moi, sa cadette, de moi qu'il aime et qu'il confie à un autre et qu'il gardera toujours.
Je m'imagine, à la fin de son discours, me jetant dans ses bras. Je m'imagine lui dire que je l'aime. Je l'imagine me dire que lui aussi.

Bon voilà. Tout ça pendant le discours du père de la vraie mariée. Alors forcément dans toute la salle on était deux à pleurer : la mariée et moi.

H+ 11 : Les 4 larronnes plient bagages, fatiguées, après avoir dansouiller 5 minutes.

H+ 20 : Nuit correcte. Même pas malade. Après le petit déjeuner, on attaque le chemin inverse : voiture, mikeline, TGV. J'appelle mon père. Lui dis que j'ai passé une très bonne soirée.
Petite escale à Bordeaux pendant quelques heures histoire d'acheter des dizaines de canelés.
On continue à papoter avec S., sur un banc, au soleil, comme des mémés, à manger des canelés (ui ui le ventre va mieux!). On parle de tout et de rien, avec beaucoup de liberté. C'est très plaisant. Je me suis fait une nouvelle copine. Et à l'heure où la tendance est plutôt à l'éloignement des potes, c'est une vraie bouffée d'oxygène.

Un joli week-end finalement...

NB : Hallelujah de Jeff Buckley. C'est mon rêve d'adolescente. Entrer dans l'église au bras de mon père sur ce titre.
NB (2) : Depuis, je me suis dit que je ne me marierai pas à l'église. Il va falloir trouver un plan B pour l'écouter malgré tout.

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Commentaires
N
Moi ça serait le Canon en D-major de Pachelbel, mais pareil, je ne veux pas me marier à l'église <br /> -_-'
O
>> Bartistocrate : ah non Zola, pas touche!<br /> >> Pico : oui je te confrme, une jolie surprise!
P
Quelle jolie rencontre ... Pas le genre qu'on attendrait à un mariage, c'est donc encore mieux.
B
Bwarf... on s'y habitue, surtout quand c'est pour la bonne cause !<br /> Ah non, pas Zola ! Un mythe s'effondre...
O
>> Bartistocrate : ça doit faire mal ça qd même nan?<br /> >> Abel : si tu pouvais une reference à zola la prochaine fois, ça serait sympa, suis grande fan... :p
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