Celle-là même
Entre le récit d'un accouchement, la remise des cadeaux à la jeune maman S. pour son bébé et le passage en revue des préparatifs de mariage de P-the-ex (notez qu'à chaque fois j'écoute poliement en hochant la tête et en faisant les relances qui s'imposent), j'ai appelé mon père.
Mon père pendant mon enfance à qui je refusais de lui faire des bisous. Toute discussion finissait invariablement en engueulade. J'avais systématiquement l'impression qu'il était plus sévère avec moi qu'avec ma soeur. Une injustice qui me rendait incroyablement triste.
Et depuis quelques années, pourtant, il n'y a qu'à lui que je parle de ma vie personnelle. Il est mon unique confident (enfin confident... c'est vite dit!!!! Je ne lui glisse qu'une ou deux infos par an).
C'est lui que j'ai appelé ce matin, pour lui dire à quel point j'avais le sentiment de n'être qu'une ombre dans cette famille. Celle qui pense à tout le monde, qui ramène des cadeaux à tout le monde, qui rend service, qui remonte le moral, qui soutient, qui sourit. Celle-là même à qui on ne demande jamais comment elle va, celle-là même à qui on ne pose aucune question quand elle s'enchaine des journées de 14h, celle-là même que l'on appelle pour lui parler de la météo, qui écoute les problèmes des uns et des autres, celle-là même à qui on a enlevé un mélanome* (le mot est lâché) l'été dernier, celle-là même qui va tous les 6 mois à l'hopital pour se faire observer sous toutes les coutures et vérifier qu'éventuellement il n'y en aurait pas d'autre(s), celle-là même à qui sa famille ne demande jamais comment elle va vraiment.
J'ai abordé quelques uns de ces points avec mon père ce matin. Il m'a dit que ça le rendait très triste. Alors j'ai abrégé notre discussion. Je l'ai rappelé ce midi. Il n'avait pas beaucoup de temps pour me parler. Il faudra être patiente.